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Université de Grenoble ; campus des arts – 2010
Front
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— Pierre Székely (1923-2001)
Pierre Székely naît à
Budapest (Hongrie) en 1923. Très jeune déjà, il dessine. En 1946, il part à
Paris pour un voyage d’étude, et restera en France pendant une longue période.
Il se marie puis emménage en 1950 avec Véra Székely, artiste céramiste.
Pierre Székely est un
artiste pluridisciplinaire qui, tout au long de sa carrière, travaillera entre
autres la sculpture, l’architecture, l’urbanisme, la gravure, les médailles, le
graphisme.
Il mène plusieurs
projets avec des architectes pour des habitations, un village de loisirs, des
églises, une sculpture-escalade, des infrastructures culturelles. Il participe
par exemple à la conception d’une maison située à Saint-Marcellin (Isère) en
1945, avec son épouse Véra, l’artiste André Borderie (co-auteur d’une œuvre du campus
Santé à la Tronche) et l’architecte Louis Babinet. Depuis 2003 l’édifice est
labellisé Patrimoine du XXe siècle, et le garage et le jardin sont inscrits au
titre des monuments historiques depuis 2007.
Pierre Székely crée
des sculptures monumentales, par exemple pour l’Etat d’Israël sur commande du
Président François Mitterrand, ou encore à Budapest, Lisbonne, etc. Il
réalise de nombreuses sculptures publiques en Europe et au Japon. Ses œuvres
oscillent entre abstraction et figuration et sont le plus souvent en pierre.
Il participe à de
nombreux Symposiums de Sculpture, dont celui de Grenoble en 1967 où il
créera Univers de jeux pour
l’école du Verderet au Village Olympique, œuvre en
béton coloré projeté sur grillage métallique, technique qu’il réutilise en 1968
pour sculpter Soleil bipède à l’occasion des
Jeux Olympiques de Mexico. Il a également construit des infrastructures de loisirs
et des sculptures-jeux dans d’autres villes françaises comme Cambrai, Brest et
Amiens.
Il mène de nombreuses
conférences à travers le monde à partir de 1964 et devient professeur à l’Unité
pédagogique d’architecture et à l’Ecole nationale d’horticulture (1970). Il est
membre du Groupe espace, à l’instar de Morice
Lipsi
, André Borderie et Edgard Pillet, artistes ayant œuvrés pour les
sites universitaires grenoblois. Il est aussi le fondateur de l’Institut
Européen de la Technologie du Granit, créé en 1977 pour promouvoir la
connaissance et l’utilisation du granit sous toutes ses formes dans les
domaines de l’art, de la science et de l’industrie, et d’un atelier collectif
d’estampe à Athènes, fondé également en 1977.
Mais la diversité des travaux de Pierre Székely ne s’arrête pas là. Il
crée une trentaine de médailles qui sont coulées en bronze et en argent par la
Monnaie de Paris, et il intègre le Groupe International d’Architecture
Prospective (G.I.A.P.) qui promeut l’urbanisme « futurologique ».
Dans ce cadre, Székely imagine par exemple La Cité aérienne (1964-65),
une ville flottant dans l’atmosphère, à 1000 mètres d’altitude en moyenne, d’un
diamètre d’environ 300 mètres. La cité aurait été visible depuis les pays
qu’elle survolerait, et l’absence d’attache géographique lui aurait permis de
devenir le siège d’un gouvernement mondial. Tirant son énergie du soleil, la
cité aurait « [suivi] automatiquement la course du soleil,
[faisant ainsi] le tour de la Terre en vingt-quatre heures, tout en restant
libre de changer d’itinéraire ou de s’arrêter ».
— Le choix de la pierre
Dans son œuvre, Pierre Székely développe des formes élémentaires comme le
cercle, l’arc de cercle, le triangle, le quadrilatère. La pierre est le
matériau préféré de Székely en raison de ses différences de grain, de texture,
de massivité et sa résistance aux agents atmosphériques. De plus, la pierre est
employée pour bâtir et sculpter depuis toujours. Enfin, pour l’artiste, la
pierre et les matériaux bruts en général possèdent des apparences surprenantes
et inimitables (textures, veines, accidents) qui sont autant de significations
déjà inscrites dans la matière et qu’il souhaite mettre en valeur en leur
donnant un sens plus complexe. La pierre a ainsi une forte puissance
symbolique.
J’aime la pierre pour son authenticité : elle est le prélèvement de
notre astre. J’aime la pierre pour son humanité : sa loi de rapport entre le statique et le dynamique. J’aime la pierre pour son
actualité : elle est le temps condensé dans le présent
Pierre Székely – 1971
Pierre Székely déclarait : « Mes sculptures sont
simultanément abstraites et figuratives, elles sont des signes ».
Toutes ses œuvres veulent signifier l’humain ou l’humanité de l’existence,
qu’elles évoquent – ou non – des formes connues, zoomorphiques ou
anthropomorphiques.
Le Front, Pierre
Székely, 1971
Granit de Bretagne — Patio du bâtiment Pierre-Mendès-France, Université
Grenoble Alpes — 1133 rue des Résidences, 38400 Saint-Martin-d’Hères
La Parole, Le Front et Le Point de vue, ensemble de trois sculptures
signées de Székely et acquises pour les bâtiments Pierre-Mendès-France de
l’Université Grenoble Alpes, sont très emblématiques du travail de l’artiste et
de ses principes artistiques. En effet, ce sont des œuvres in situ, à comprendre qu’elles sont totalement dédiées
à leur site d’accueil, qu’elles sont non-transportables et qu’elles tiennent
compte du lieu où elles sont installées, et créées en résonnance avec
l’architecture. Mais attention, le lien entre les œuvres et l’architecture
n’est pas visuel mais signifiant. Les sculptures-signes de Székely font référence
aux dessins des universités : mener une réflexion et amasser des
connaissances (Le Front), se forger un avis grâce
à ces connaissances (Le Point de vue) et enfin
partager ses opinions auprès des autres (La Parole).
— La
technique de taille de Pierre Székely
L’idée de la
pierre comme vecteur symbolique et la création de sculptures-signes
s’accompagne d’une technique de taille novatrice, permettant de renforcer le
signifiant :
Je rêvais de
la façon d’obtenir des surfaces vierges à la surface du granit, des surfaces
que j’appelle sacrées, c’est-à-dire révélées pour la première fois depuis leur
création, ni polies, ni coupées, ni écrasées par percussion ; je me suis
brusquement souvenu de ce que j’avais vu à Budapest après les incendies dus aux
bombardements. La forme des pierres taillées avait changé et des surfaces
brutes analogues à celles du rocher naturel étaient apparues. Je me suis donc
renseigné pour savoir s’il existait des chalumeaux pouvant produire de tels
effets…
Pierre
Székely – 1990
Dans les
années 1960, il découvre un brevet américain encore inexploité en Europe,
destiné à la taille du granit. En 1966 il expérimente pour la première fois
cette technique de travail du granit grâce à l’utilisation d’une flamme. En
1975, il met finalement au point le chalumeau « Salamandre alpha »,
en collaboration avec la société Air Liquide. L’outil est composé d’un
chalumeau de 1,20 mètres de long, projetant une flamme
à 4000°C (mélange d’oxygène et d’acétylène ou kérosène en combustion sous forte
pression), combiné à un système de refroidissement à l’eau. L’utilisation
simultanée du feu et de l’eau provoque un choc thermique qui détruit localement
la roche. Cette nouvelle technique permet de dégager de larges surfaces sans
laisser de trace de percussion. Le rendu se rapproche de l’érosion naturelle de
la pierre au fil du temps. En 1981, l’artiste crée le « Salamandre
bêta », un chalumeau de 44 centimètres de long, pour la taille de petites
formes en granit.
Le
« Salamandre alpha » est protégé par un
brevet déposé via l’Institut Européen de la Technologie du Granit. Pierre
Székely va régulièrement créer ses œuvres monumentales à l’aide de ce chalumeau
dans l’espace public directement, in situ, à la vue de tous.
De manière
plus générale, l’œuvre de Székely est liée à une recherche sur la plasticité
des nouveaux matériaux. En plus de cette technique très spécifique, Pierre
Székely a entre autres exploré la technique du béton projeté, par exemple sur
ossature métallique par exemple, multipliant ainsi les usages possibles du
béton en le libérant de la contrainte du coffrage.
Vidéo : Front
– En savoir
plus
Catalogue
raisonné des œuvres de Pierre Székely : http://j.p.karinthi.free.fr/
Livre monographique : GAILLAGUET
Sylvie, Székely, l’œuvre, Budapest, Palatinus
Könyvek, 1998, 254p.,
trilingue français/anglais/hongrois → consultable au bureau du Campus des
Arts (1025 avenue Centrale, Saint-Martin-d’Hères), sur rendez-vous. Nous contacter.
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